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Voici une entrevue que Julia Roberts a fait à la revue "paris match" ...
Affreusement, oui. Je suis un peu excitée à cause de "Le mariage de mon meilleur ami". Il y avait longtemps que je n'avais pas fait de comédie romantique. La dernière fois, c'était "Pretty Woman", il y a, quoi... sept ans ? Ça fait du bien. Et pour "Michael Collins", j'ai adoré tourner en Irlande. Je pense parfois que je suis la réincarnation de la marchande de poissons.
Pas du tout. J'étais même très enthousiaste. Le fait de nous connaître depuis dix ans a facilité les choses pour les scènes intimes. Il aurait été beaucoup plus difficile, et peut-être même impossible, de rendre cette impression d'intimité avec quelqu'un que je n'aurais connu que depuis quelques semaines.
J'ai le même agent depuis dix ans, Elaine Goldsmith. Nous sommes très proches ; quand je lis un scénario, elle l'a lu avant moi, et ensuite on en parle. Mais c'est moi qui décide en fin de compte. J'ai fait des choses qu'elle ne trouvait pas intéressantes, et j'en ai laissé passer dont elle pensait le plus grand bien.
Non.
Parfois, quand je vois un super-rôle, je me dis : "Waouh! Ce serait génial", mais ensuite je réalise que c'était super surtout grâce aux acteurs. Comme avec Susan Sarandon dans "La dernière marche". Est-ce que je pourrais jouer un rôle comme ça ? Je ne sais pas. Mais je crois que ma carrière suivra son cours, de toutes façons.
Je trouve Janeane Garofalo extraordinaire. Comme si elle portait en elle toute une catégorie du show-business. Elle possède une ironie incroyable, elle a un jeu magnifique, sans être surfaite. Et, bien sûr, Susan Sarandon est mon idéal féminin. Je dois en être secrètement amoureuse. [Rires.] Vous savez, si quelque chose arrivait à Tim [Robbins], je me précipiterais. Elle est généreuse, affectueuse et infiniment intelligente et chic. Par-dessus tout, c'est une mère formidable, qui a trouvé la relation parfaite.
Je crois que nous sommes tous capables de nous créer un environnement heureux qui n'a pas forcément besoin de relation romantique sur laquelle s'appuyer. Cela dit, je pense savoir exactement ce que je cherche et être mieux à même d'y parvenir.
Je ne sais pas. [Sourires.]
Oui. C'est-à-dire, je savais ce que je faisais. Je croyais bien agir, et je suis toujours persuadée d'avoir bien agi. Et, aujourd'hui, après avoir surmonté la déception, le sentiment d'échec ou de perte, nous avons réussi, avec Lyle, à établir une formidable amitié. Nous avons énormément de chance dans ce domaine.
Il ne faut pas forcément se marier quand il y a amour et amitié. Ça n'a pas marché sur le plan très particulier de la relation à l'autre. Il n'y avait rien qui clochait, personne n'a rien fait. C'est difficile à expliquer... Je crois pourtant qu'il y a une certaine ostentation au début. C'est ce qui vous attire vers l'autre. L'engagement devenant plus profond, on ne veut plus de cette ostentation, on n'en a plus besoin ; on veut la personne telle qu'elle est. Et ça peut faire peur. Je crois que ce qui importe, c'est la relation, ce qu'on y met et ce qu'on en retire. Si je ne me remarie jamais, malgré tout je suis contente d'avoir épousé Lyle. Ça a été super. On a eu un grand mariage, on a eu du bon temps. C'était la grande aventure.
Il s'appelle Pasquale Manocchia. [Sourires.]
[Rires.] On y arrive! Nous sommes amis depuis longtemps, nos rapports étaient au départ sociaux. Il possède un centre de médecine préventive. Eh bien, oui, nous sortons ensemble et je ne sors qu'avec lui.
Là, je ne parlerai pas de relation. Nous avons été amis. Nous le sommes encore. On est sortis quelquefois, on a rigolé, mais il n'a jamais été question d'histoire d'amour.
Ça ne m'arrive jamais. On ne reçoit pas un chèque comme ça.
Je ne sais pas. Quoi que ce soit, c'était beaucoup et, bon, je suis habillée pour l'hiver !
Non. C'est un peu décevant. Je suis la dernière au monde qui devrait être riche. Je ne fais rien de mon argent. J'ai acheté une maison, un vieux taudis, mais je l'aime, et je vais sans doute dépenser des sommes considérables pour toutes les petites choses que je veux faire. Pour moi, c'est un grand luxe, une folie. Je n'ai pas besoin de me dire: "Bon, si je fais le carrelage de la cuisine, la salle de bains, ce sera dans quelques mois." Je sais que je peux tout faire d'un coup, l'argent est une sorte de sécurité invisible. Je n'y fais pas attention, il y a pourtant un élément de pouvoir. Parce que je sais que si tout s'écroule, je pourrai recommencer dix fois.
J'ai acheté une voiture à ma mère, mais je n'ai jamais fait de folie pour elle. Je ne lui procure que le nécessaire. Je pourrais lui acheter un collier de diamants, mais elle a besoin d'une machine à laver. Et je considère qu'il ne s'agit que de lui rendre un peu de ce qu'elle a fait pour moi pendant dix-sept ans. Prendre soin d'elle simplement.
C'est devenu un peu une histoire de petite fille. Je me suis toujours tournée vers Lisa, ma sœur aînée, en cas de problème, de besoin ou de curiosité. Ce qui est étrange, avec la mort de mon père, c'est qu'une chose à l'origine si horrible devienne, avec le temps, de moins en moins tragique et presque normale. Il est surprenant de s'en accommoder ainsi. Mais c'est ce que je ressens.
J'ai toujours pensé que j'avais échappé à la petite-fille-qui-cherche-son-père. J'étais si jeune quand il est mort, je n'avais pas assez d'éléments pour faire la recherche. Mon cas avait peut-être plus à voir avec mon frère Eric qu'avec mon père. Mais j'ai surmonté ça. [Rires.]
Oui. Pendant une courte période, qui m'a permis d'arriver à me prendre en charge. Je crois à tout. Si quelque chose peut améliorer un peu le cours de vos journées, faites-le, que ce soit chanter, faire de la course à pied ou voir un thérapeute.
J'ai essayé maintes et maintes fois. Avec ma sœur, nous avons passé une bonne partie de notre jeunesse à tenter de le sauver de son naufrage. J'ai la conscience tout à fait tranquille. On a essayé de faire des choses pour lesquelles on n'était pas équipées. Il faut savoir qu'il a onze ans de plus que moi. C'est un adulte. Nous étions enfants et nous essayions d'aider un adulte. C'est un scénario intéressant, mais qui peut être terriblement éprouvant et frustrant.
A présent, le mieux que j'ai à faire est de me tenir à l'écart. Parce que je suis heureuse, et que je veux une vie de qualité, bien remplie. Certaines choses peuvent me la retirer, et il faut faire des choix, même si ça peut paraître égoïste. Et j'ai choisi d'améliorer ma vie.
Julia la séductrice a retrouvé son immense sourire après bien des orages. Elle dit être, aujourd'hui, la femme d'un seul homme. "Je ne fais rien de mon argent, mais avec ce que je gagne je suis habillée pour l'hiver." Tignasse sauvage mais regard confiant, Julia avoue: "Je crois qu'on me préfère quand je suis heureuse." A dr. : moulée dans sa robe chaussette, elle dit : "Susan Sarandon est mon idéal féminin."
Source : "Paris Match". Propos recueillis par David Hochman. |